L'AVENIR

De gauche à droite: Jacques Devillers, Henri Lewalle, Michel Bonnefoy et Stephan De Mul

Le projet Coprosepat, lancé le 1er avril 2019, vise à faciliter la coopération franco-belge en matière de maladies chroniques.

Coprosepat conf press avenir

Le Soir

Henri Lewalle est le coordinateur de ce programme Interreg V de coopération médicale. - J.-L. B

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France-Wallonie : poursuivre la coopération médicale frontalière

Les programmes de partenariat transfrontalier en matière médicale existent depuis une dizaine d’années, surtout là où il y a des lacunes médicales. Via Interreg, des zones organisées d’accès aux soins transfrontaliers ont été mises au point. Un nouveau programme dédié à la prévention et prise en charge des maladies chroniques vise à élargir l’offre.

Cela fait une dizaine d’années désormais qu’une réelle coopération transfrontalière est de rigueur en matière de soins de santé, entre la France et la Belgique, via le projet Interreg V France Wallonie Vlaanderen. Pour Henri Lewalle, coordinateur de ce projet, « cette coopération constitue incontestablement un modèle au sein de l’Union européenne, principalement en matière d’accès aux soins. La création entre 2008 et 2015 de territoires de santé transfrontaliers, dénommés ZOAST pour Zone organisée d’accès aux soins transfrontaliers, permet aux patients résidant dans l’espace frontalier franco-belge d’accéder aux soins de part et d’autre de la frontière dans les établissements de soins repris dans les conventions Zoast sans obstacle administratif ni financier. »

Surtout, ces programmes répondent à des difficultés parfois cruciales de « désert médical », en tout cas de lacune en matière de soins de santé, que ce soit par la raréfaction des médecins, généralistes ou spécialistes, et d’hôpitaux. Les patients du territoire de Givet ont ainsi pu compter sur les hôpitaux de Dinant et de Namur, au lieu de devoir aller à Charleville, à une heure trente de route !

Les relations sont également régulières entre l’hôpital de Mont-St-Martin (Fr) et celui d’Arlon, et facilitées au niveau financement par cette procédure. Le nombre de patients augmente tous les ans, même si les statistiques ne sont pas énormes. L’hôpital arlonais accueille environ 6% de patients français. Mais ils sont 500 Belges à aller à Mont-St-Martin pour une IRM, notamment, et il y a des synergies en termes d’insuffisance cardiaque, d’obésité et de diabète. Le SMUR français est régulièrement en action côté belge. « Mais on veut aller plus loin dans cette Zoast, car il n’y a pas que les soins curatifs », estime Michel Bonnefoy, directeur de l’Office régional de Santé du Grand Est. « Et puis, étendre au paramédical serait aussi une bonne chose ! »

Répondre à l’augmentation des maladies chroniques

Mais on n’en est pas encore là. Depuis avril dernier, la coopération s’est élargie à la prévention et à la prise en charge des maladies chroniques via des actions d’éducation thérapeutique des patients. L’objectif est de répondre au défi du vieillissement de la population et à l’augmentation des maladies chroniques, sur un territoire qui compte tout de même 6 millions de personnes, dont 3,5 millions de Wallons. Les moyens étant ce qu’ils sont, tant humains que financiers, il faut dès lors intensifier les actions de prévention et d’éducation thérapeutique envers les patients qui souffrent d’insuffisance cardiaque, première cause de mortalité, du diabète et d’autres affections chroniques qui touchent, globalement, un homme sur cinq, et pas seulement à cause de la vieillesse.

Le projet Coprosepat (coopération transfrontalière pour la promotion à la santé et l’éducation du patient en milieu rural) a donc été lancé voici 9 mois avec une série de partenaires français et belges (Observatoire de la santé de la province de Luxembourg, Mutualité socialiste, les CSL (Vivalia), le CHU UCL Namur côté wallon).

Réaliser un diagnostic de chaque côté de la frontière

Les objectifs sont multiples. Le projet vise à réaliser un diagnostic santé de chaque côté du territoire frontalier, à harmoniser les pratiques en éducation thérapeutique en lien avec les professionnels de santé, à mettre en place des actions de prévention, à renforcer l’accès aux soins des personnes les plus fragilisées et approfondir la complémentarité entre les deux versants frontaliers sur le plan sanitaire et médico-social. « Le projet a pour cœur le patient, les malades chroniques, et notamment le public précarisé. »

Réduire la réadmission hospitalière

Divers modules ont été mis en place pour parfaire les partenariats et améliorer la situation des patients, comme celui mis en place par le Dr Laurence Gabriel du CHU UCL Namur. « L’objectif est le développement d’une unité clinique spécifique aux insuffisants cardiaques, une pathologie chronique très fréquente et dont le pronostic vital est sombre pour un fort pourcentage de patients. Le taux de réadmission hospitalière est un problème majeur, souvent lié à une mauvaise observance thérapeutique ou mauvaise compréhension du traitement. »

La réadmission, pénalisante financièrement pour l’hôpital, est donc souvent évitable. L’objectif du module est de trouver la parade via une meilleure éducation thérapeutique des patients, sous forme d’ateliers collectifs pratiques à proximité de leur domicile, en collaboration avec leur milieu (para)-médical proche, pour les impliquer plus fortement dans la gestion vitale de leur santé tout en diminuant les hospitalisations. Mais pareil programme ne s’improvise pas et une telle transposition de ce qui existe déjà doit être adaptée aux moyens locaux frontaliers.

C’est un des sept modules en cours d’analyse, pour être fonctionnels si possible au plus tard à l’horizon 2022.

Par Jean-Luc Bodeux Journaliste au service Régions (Namur-Luxembourg)Le 28/01/2020 à 14:55